Avant les travaux

L’étude du bâti ancien est riche d’enseignements quant à l’adaptation de l’homme à son milieu.
Le bâti ancien de notre département porte en lui toute cette richesse.

Comprendre son fonctionnement

Le bâti ancien, compte tenu de sa forte inertie, est adapté à une occupation permanente, sa «mise en température» est longue.
Ainsi, il est plus adapté à des systèmes de chauffage qui vont utiliser le principe de l’inertie d’un bâtiment en chauffant les masses (murs et sols) plutôt que l’air.

Comportement thermique

Le bâti ancien est loin d’être le plus dispendieux en termes de besoin d’énergie.

La très grande majorité de ces bâtiments a été édifiée en parfaite cohérence avec les sites d’implantation. Ainsi, ils optimisent les apports solaires et minimisent les déperditions liées aux intempéries (vent, pluie...). Leur mode de construction, constitué de parois épaisses et utilisant de la terre crue , leur confère un certain niveau d’isolation et une très bonne inertie thermique .
En contrepartie, ce sont des systèmes dont l’équilibre hygrométrique doit être respecté sous peine de générer des désordres. Dans ces bâtiments, il est donc plus judicieux de travailler la notion de confort thermique plutôt que de déperdition thermique. L’amélioration thermique d’un bâtiment ancien doit se faire avec le plus grand discernement.

photo bâtiment rénové
Confort thermique

Le confort thermique ressenti est lié à quatre facteurs :
› la température de l’air intérieur
› la température des parois
› les mouvements d’air
› le taux d’humidité

Ainsi, s’attacher à obtenir une bonne température de surface des parois, contrôler la circulation de l’air et réguler l’humidité permettent de limiter les besoins de chauffage.

Humidité

Un bâtiment ancien est un système complexe dans lequel les variations hygrométriques jouent un rôle très important. L’apparition de problèmes d’humidité est la conséquence de la rupture d’un équilibre fragile. Trois facteurs entrent en ligne de compte :

Il s’agit des infiltrations d’eau par la toiture (couverture, noues, solins, gouttières...), les murs (fissures, encadrements de baies, ruissellements sur le sol...) et la plomberie. Les désordres ayant pour origine des infiltrations peuvent évoluer très rapidement, il est donc impératif d’être rigoureux sur l’entretien de ces éléments.

Les sols contiennent une grande quantité d’eau qui tend à remonter dans les murs par capillarité. Ainsi, toute imperméabilisation (intérieure ou extérieure) des sols ou des murs ne fait que reporter et accentuer le phénomène.

Pour limiter les désordres liés aux remontées capillaires, il apparaît plus pertinent de s’attaquer à l’origine du problème qu’est le taux d’humidité du sol en installant un drainage extérieur et en supprimant les surfaces imperméabilisées telles que les enduits ciment sur les murs...

La quantité d’eau que l’air peut contenir sans phénomènes de condensation varie en fonction de la température (un air à 20°C avec un taux relatif d’humidité de 60% condensera à 12°C, c’est son «point de rosée»). Les activités humaines génèrent de l’humidité (respiration, cuisine…). Un système de renouvellement d’air judicieusement adapté (naturel ou mécaniquement assisté) associé à la qualité perspirante des murs permet d’en assurer l’équilibre. Ainsi, si l’air est trop humide ou la paroi trop froide, l’humidité se condensera et deviendra de l’eau pouvant alors générer des désordres, des moisissures...

Renouveler l’air permet de contrôler le taux d’humidité. Dans le bâti ancien, l’air se renouvelle naturellement (menuiseries, cheminées). Il est fréquent que des travaux améliorant l’étanchéité à l’air du bâtiment entraînent l’apparition de phénomènes d’humidité liés au manque de renouvellement d’air. Il devient alors indispensable de mettre en place un système de ventilation cohérent.

En tout état de cause, régler les problèmes d’humidité dans des bâtiments anciens demande de la patience car les murs de pierre ou de terre mettent du temps à sécher.

Bâti traditionnel & contraintes contemporaines

Notre relation au paysage et à la lumière a profondément évolué. L’usage contemporain de nos habitats conduit à des aménagements dont les impacts ne sont pas neutres sur la préservation des bâtiments.

maison rénovée
Les espaces de vie

Nos besoins en matière d’espace de vie se sont modifiés avec le temps, générant des architectures variées :

› Individualisation des espaces (séjour, cuisine, chacun sa chambre...)
› Apparition de nouvelles pièces et de nouvelles fonctions (salle de bains, wc, lingerie...)
› Investissement de lieux dédiés au travail (bureau, atelier,...)
› Composition familiale

Les combles permettent souvent d’augmenter les surfaces habitables. Cependant, les charpentes n’ont pas été prévues pour être enfermées dans un isolant. En cas de condensation ou d’infiltrations, le résultat peut s’avèrer dramatique. Cela nécessite donc une bonne mise en oeuvre d’un isolant adapté

L’installation d’une grande baie dans une façade d’un bâtiment ancien, qui correspond à des attentes légitimes de confort lumineux, peut altérer la qualité architecturale d’un bâtiment. La «porte de grange» peut, dans de nombreux cas, être une solution intéressante.

Il est important de ne pas chercher à pasticher le bâtiment d’origine au risque de créer un ensemble incohérent. Une expression contemporaine bien maîtrisée permet d’innover tout en respectant l’architecture d’origine. Quant aux matériaux, laissés naturels, ils s’intègrent parfaitement au bâti ancien.

Les travaux et finitions

Les matériaux contemporains ne sont pas toujours adaptés au bâti ancien.
Ils ne permettent pas à l’humidité résiduelle de circuler librement, ce qui peut entraîner des désordres.

Construire de façon plus pertinente aujourd’hui?

L’étude du bâti ancien est riche d’enseignements quant à l’adaptation de l’homme à son milieu. Le bâti ancien de notre département porte en lui toute cette richesse.

L’évolution de la règlementation thermique liée aux contraintes climatiques et aux enjeux attachés aux notions d’économie de la ressource (énergie,matériaux...) oblige à revenir aux principes développés par les bâtisseurs d’antan basés naturellement sur le concept d’«approche bioclimatique».

Le bâti ancien porte en lui la notion d’intégration. Il génère un principe de cohérence avec un site qui découle du croisement de plusieurs facteurs :
› la qualité de l’implantation valorise le paysage.
› le choix des matériaux, initialement prélevés à proximité du lieu de la construction, permet de renforcer la qualité de l’insertion (teintes locales respectées) tout en maîtrisant l’économie d’un projet.
› le rapport à la voirie et aux autres bâtiments, dicté par des contraintes naturelles ou sociales, crée des ensembles harmonieux.
Une réinterprétation contemporaine de ces principes est aujourd’hui tout à fait acceptable.

Capacité à réguler l’humidité

Les matériaux contemporains ne gèrent pas l’humidité de l’air ambiant, ce qui oblige à mettre en oeuvre des systèmes actifs de gestion de l’humidité (VMC, VMI, ventilation double flux). La réintroduction de matériaux d’origine naturelle permettant une bonne gestion de l’humidité de l’air est une réponse techniquement adaptée et performante.

Inertie thermique

Les bâtiments contemporains et leurs systèmes de chauffage sont très réactifs. Ils sont faciles à chauffer mais dispersent rapidement le peu d’énergie récupérée naturellement au cours d’une journée. Introduire dans les constructions d’aujourd’hui des matériaux à forte inertie permet une gestion plus adaptée de l’énergie (stockage et restitution).

L'approche bioclimatique

Elle consiste à réaliser la synthèse de différents facteurs susceptibles d’influer sur la qualité d’un projet personnel :

Le relief d’un terrain est le plus souvent un atout sur lequel il convient de s’appuyer. Il permet de se protéger des pluies, du vent, d’offrir des vues, une implantation cohérente avec une pente... L’ensoleillement optimal et la protection contre le vent doivent également être pris en compte dans l’implantation des écrans végétaux.

La position d’un bâtiment par rapport à l’accès à une parcelle est importante pour l’organisation des espaces extérieurs (place de la voiture, plantations, espaces verts...). une réflexion aboutie participe à la réussite de l’intégration architecturale ou paysagère dans un hameau, un village ou un bourg.

C’est le coeur de l’approche bioclimatique. Chaque espace de la maison doit trouver sa place par rapport à la course du soleil. Quelle que soit la saison, le soleil a la capacité d’apporter des calories ou de la lumière. Il convient de profiter au maximum de ces apports pour limiter les déperditions et créer des ambiances lumineuses valorisantes pour les lieux de vie. La qualité de la conception de la maison permettra d’éviter de transformer les apports solaires passifs de l’hiver en chaleur inutile l’été...

à suivre